Myriam

Peux-tu te présenter ? 
Je m’appelle Myriam. Mon prénom veut dire « goutte d’eau » en hébreu. J’aime écouter les histoires des autres, les questionner, écrire, méditer des textes, apprendre, témoigner. Depuis pas longtemps, j’apprends à investir la parole avec ma voix pour dire ce que je pense. Même si c’est maladroit et imparfait, au moins je le dis ! Les mots qui guident ma vie depuis un an, c’est très récent, sont : vérité, liberté, amour.
Auparavant j’étais journaliste et communicante. Depuis 2020, j’avance vers une nouvelle voie naissante : un mélange d’écriture, de formation à la relation d’aide, de proximité avec les arbres et les plantes. Je me forme, entre autres, à l’herboristerie.

Quel est ton parcours ? 
Longtemps décousu, même si non en apparence. J’ai été journaliste et communicante pendant une dizaine d’années, en tant que salariée et freelance. Entre deux statuts, des temps de pause inconfortables passés à réfléchir sur le sens de mes activités, des envies de changements, mais la confiance en moi me manquait pour sauter le pas. J’ai quand même réalisé deux projets dont je suis fière au cours de ces années de questionnement : créer une marque de bijoux et écrire un livre.

Pourquoi as-tu choisi ce métier ?
J’ai choisi le journalisme car je suis un être curieux qui adore la rencontre avec l’autre, découvrir un nouveau sujet, lire pour comprendre. J’ai adoré être dans cette posture pendant quinze ans. Aujourd’hui, j’éprouve moins ce désir frénétique de rencontres, je préfère prendre le temps d’œuvrer sur des sujets au long cours.

Quelle difficulté ou échec – dans la vie pro ou perso – t’a le plus apporté ? 
Marcher vite dans mon appartement, tomber sur mon pied, me fracturer la cheville. Sur le moment, je m’en suis énormément voulue et j’ai énormément culpabilisé, notamment vis-à-vis de mon mari qui se retrouvait seul à gérer nos enfants en bas âge. D’un point de vue symbolique, la fracture de la cheville parle de tiraillement, d’un ancrage défaillant. Mon corps m’invitait à faire le vide autour de moi. Pendant six semaines, je suis restée allongée des heures les yeux au plafond, sans rien pouvoir faire d’autre.. C’est comme ça que je me suis reconnectée à mon âme que j’avais laissé de côté depuis trop longtemps. Cette chute a été mon salut, une occasion de mourir pour renaître à moi.

Qu’est-ce qui te motive dans ton métier, dans la vie ? 
Depuis ma renaissance, il y a vraiment cette idée très forte que mon œuvre soit guidée par la vérité, la liberté et l’amour. Ces trois mots ont une résonance très forte et particulière dans mon histoire personnelle. Depuis quelques mois par exemple, j’initie des cercles de parole et d’écoute destinés à des femmes en couple mixte. Chaque jour, des femmes et des hommes amoureux découvrent à quel point leurs différences religieuses et culturelles sont importantes aux yeux de leur entourage. Par amour, peur ou ignorance, des parents n’hésitent pas à afficher leur désapprobation à l’égard du choix de leur enfant. De nombreux couples préfèrent alors mettre fin à leur relation. Lorsqu’une femme parle avec vérité et avec son coeur, elle autorise une autre femme à parler d’elle avec cette même qualité de témoignage, sincère et profond. Cette envie d’accompagner les êtres humains vers plus de liberté d’être est très présente dans les projets que je mène.

Comment arrives-tu à retrouver cette motivation quand tu l’as perdue ? 
Je sors marcher et contempler le monde physique dans un parc situé à côté de chez moi. Les arbres, les plantes, les oiseaux, l’eau. Observer le règne végétal, m’attarder sur la forme d’une fleur ou encore les rainures d’un tronc d’arbre. Me laisser traverser par la vie non-humaine qui m’entoure me décentre de mes préoccupations et contribue, paradoxalement, à me remettre dans mon axe directeur.

Où puises-tu l’inspiration ?
Dans mes rêves, dans ma rencontre avec l’autre. Lorsque je ne fais rien également.

Qu’est-ce qui t’aide à décompresser, te ressourcer ? 
Je me ressource souvent dans le silence. Aller marcher en forêt. Prier. Marcher au bord de l’eau. Fermer les yeux et respirer, entrer en contact avec mon âme. « Gagatiser » avec mes enfants. Mes fils sont mes maîtres, ils ont cette capacité à ramener mon attention sur le minuscule moment présent, et à venir aussi mettre le doigt là où ça coince et ça grince à l’intérieur de moi. Ils ont une capacité à s’émerveiller sans cette devant la vie qui m’émeut et me touche, j’essaie de suivre leur voie.

As-tu des petites astuces organisationnelles ?
J’apprécie noter mes intentions et envies d’activités à réaliser pour le mois à venir. Le dimanche, je note sur un cahier les choses que je souhaite réaliser pour la semaine à venir. Je suis intéressée par énormément de sujets, je peux parfois avoir tendance à être frustrée par le manque de temps à y consacrer. Une amie m’a dit récemment qu’elle fonctionnait en « activités permaculturelles ». Cela m’a tout de suite parlé. J’ai une grande feuille en papier blanche chez moi qui représente ma carte du monde. J’écris dessus des mots, des envies. Cela me permet de dire, par exemple, « en 2021 Myriam, tu te concentres sur tel et tel sujets, en 2022 tels sujets, en 2023 sur ça et ça, etc. ». Avoir une vue d’ensemble et sur le long terme me permet de calmer mon impatience. Mais également, ces activités qui, même si de prime abord, n’ont pas de rapport direct les unes avec les autres, je constate qu’elles se/me nourrissent et s’/m’enrichissent.

Un ouvrage à nous conseiller ?
Siddhartha de Herman Hesse.

Une citation, un poème ou un proverbe à partager ? 
« Suppose que tu n’existes pas, et sois libre ». Omar Khayyam.

Enfin, aurais-tu une recette simple et réconfortante à nous offrir ? et pourquoi celle-là ?Risone de sarrasin au beurre de sauge et parmesan. Faire cuire les risone à l’eau, comme des pâtes, pendant quelques minutes. 5 minutes max. Pendant ce temps-là, faire fondre du beurre dans une poêle, en veillant à ne pas le faire brûler. Ajouter de la sauge fraîche ou séchée au beurre fondu. Plonger les risone cuits dans la poêle beurrée et mélanger. Saupoudrer de parmesan. J’en salive rien qu’en l’écrivant.
En me rendant il y a quelques jours dans l’épicerie bio en vrac en bas de chez moi, je suis allée confiée à Zoé, une des vendeuses de la boutique, mon manque d’inspiration du moment en cuisine. J’ai tout de suite été attirée par ces petites pâtes appelées risone, produites de manière artisanale par un producteur du coin. Zoé m’a conseillé de préparer un beurre de sauge pour les servir. Je n’utilise jamais de sauge alors même que je me souviens que ma grande-tante en Tunisie l’utilisait pour la cuisson de la volaille notamment, et que j’adorais son goût puissant et un peu amer.
Cette recette est venue éveiller en moi des images et parfums lointains de l’enfance. Depuis, je l’ai préparée deux fois en une semaine aux enfants qui commencent à en avoir marre. Lorsque j’aime un plat, je suis capable d’en manger tous les jours sans me lasser !