Qu’est-ce que la lithographie ?
Inventée en 1796 en Allemagne, cette technique de création et d’impression sur pierre calcaire se base sur la simple répulsion entre l’eau et le gras. Elle n’utilise donc que ce principe chimique, sans gravure en relief ni en creux… Je vous invite à la découvrir au Musée-Atelier de l’Imprimerie de Nantes !
Report de photo, un quick win…
Pour cette première tentative, j’ai d’abord utilisé une de mes photos, imprimée au préalable en N&B sur une imprimante laser (à toner non cuit pour une poudre non fixée). En résumé, voici les étapes :
Enduire la pierre de solvant (screen wash pour sérigraphie) avec un chiffon afin de dépouiller le toner. Puis appliquer la photographie face contre pierre, rajouter un carton pour caler et utiliser la presse pour transférer l’image du papier vers le calcaire.
Laisser sécher 30 minutes afin que le report rentre bien dans la pierre.
Talquer la pierre pour protéger l’image. Ensuite, l’enduire de résine de colophane pour fixer le dessin et d’un mélange de gomme synthétique avec quelques gouttes de vitriol pur. Eponger avec de l’eau pure, sécher et re-talquer.
Enduire à nouveau de gomme d’Acacia diluée à l’eau, puis de bitume de Judée (poudre diluée dans de la térébenthine) pour consolider les noirs. Eponger avec de l’eau pure, sécher puis ré-humidifier. Préparer la couleur souhaitée en mélangeant les couleurs de base pour obtenir la teinte souhaitée – ici la couleur unique du lac d’Annecy – et étaler cette encre grasse sur une plaque en verre avec un rouleau en caoutchouc. Humidifier à nouveau la pierre, enduire d’encre, humidifier puis enduire encore d’encre. Protéger si besoin les bords aigus de la pierre avec des bandelettes de papier pour éviter d’encrer les bords pour avoir une impression bien nette.
Méthode traditionnelle, le must !
Cette fois, on monte d’un cran en difficulté car il s’agit carrément de créer directement sur la pierre calcaire à l’aide d’un médium gras, mais sans possibilité de gommer…
Je me suis donc amusée à redessiner la baie de Talloires avec des crayons litho, plus ou moins gras (comme les crayons à papier qui vont du H « hard » à mine dure au B « bold » ou E « extreme », HB étant l’entre-deux).
Il est également possible de peindre avec une encre noire grasse, que l’on peut alors délayer pour créer des lavis plus ou moins clairs, comme une aquarelle.
S’ensuivent toutes les opérations chimiques de préparation de la pierre comme pour le transfert photographique, avec un moment encore plus surprenant, puisque le dessin est momentanément effacé par l’éponge gorgée d’acide… Il faut alors faire totalement confiance aux experts lithographes, encore merci Noé et Philippe !
La pierre une fois encrée, le dessin réapparait enfin, comme par magie…
Vous l’aurez compris, cette technique offre clairement une plus grande liberté créative et l’on comprend aisément pourquoi elle a vraiment révolutionné l’art de la gravure au 19ème siècle, et encore aujourd’hui !